Poursuivre le véritable multilatéralisme et bâtir un système de gouvernance mondiale juste et équitable

2025-02-19 14:54

Allocution de Monsieur Wang Yi
Membre du Bureau politique du Comité central du PCC
et Ministre des Affaires étrangères de la République populaire de Chine
à la Réunion de haut niveau du Conseil de Sécurité des Nations Unies
« Pratiquer le multilatéralisme, réformer et promouvoir 
la gouvernance mondiale »

Siège des Nations Unies, le 18 février 2025

Monsieur le Secrétaire général António Guterres,
Chers Collègues,

Je voudrais remercier le Sécrétaire général pour sa présence parmi nous aujourd’hui et pour son briefing. 

L’année 2025 marque le 80e anniversaire des Nations Unies. Il y a 80 ans, nos prédécesseurs, par une lutte acharnée et des sacrifices immenses, ont remporté la grande victoire de la guerre antifasciste. La communauté internationale, en tirant profondément des leçons douloureuses du désastre des deux guerres mondiales, a fondé l’Organisation des Nations Unies. Le multilatéralisme est devenu progressivement le courant dominant du temps et un nouveau chapitre s’est ainsi ouvert dans les annales de la gouvernance mondiale. 

Les 80 ans écoulés ont été témoin de l’accélération de la multipolarisation mondiale et de la mondialisation économique, de l’engagement déterminé de tous les peuples pour relever ensemble les défis, ainsi que de l’émergence et du renforcement du Sud global. En même temps, l’humanité, après avoir tourné les pages sombres de la guerre froide et mis fin à la confrontation bipolaire, n’est pas parvenue à embrasser la paix complète et la prospérité commune. Entrés dans la troisième décennie du 21e siècle, nous avons toujours un long chemin à parcourir pour promouvoir la paix et le développement.

Les 80 ans écoulés nous enseignent que dans une situation internationale de transformations et de turbulences, le système international centré sur l’ONU est une garantie importante pour le progrès de l’humanité et que la vision du multilatéralisme fondée sur la coordination et la coopération constitue la meilleure solution aux enjeux globaux. Dans un monde où l’avenir partagé s’affirme comme une grande tendance historique, aucun pays ne saurait à lui seul réussir et la coopération gagnant-gagnant est le bon choix à faire. Et dans un monde où l’échiquier international connaît une profonde mutation, le Sud global a le devoir non seulement d’engager la marche historique commune vers la modernisation, mais aussi et surtout de se tenir à l’avant-garde dans le processus d’amélioration du système de gouvernance mondiale. 

Monsieur le Secrétaire général,
Chers Collègues,

C’est en restant fidèles à notre engagement initial que nous pourrons bâtir l’avenir. Aujourd’hui, les transformations inédites depuis un siècle que traverse notre monde s’accélèrent, les conflits géopolitiques s’intensifient, les crises multiples se succèdent les unes aux autres, des instabilités et incertitudes se manifestent avec une acuité croissante. Dans cette période de turbulences et de changements accrus, nous devons plus que jamais nous rappeler la mission fondatrice des Nations Unies, redynamiser le véritable multilatéralisme et accélérer la construction d’un système de gouvernance mondiale plus juste et plus équitable. À ce titre, la Chine propose les points suivants : 

Premièrement, nous devons poursuivre l’égalité souveraine. Les pays, grands ou petits, puissants ou faibles, sont tous égaux. Tel est le principe primordial de la Charte des Nations Unies. Dans le perfectionnement de la gouvernance mondiale, tous les pays ont le droit égal d’y participer, de prendre des décisions et d’en bénéficier. Il faut respecter la voie de développement choisie en toute indépendance par chaque peuple, poursuivre le principe de non-ingérence dans les affaires intérieures et se garder d’imposer sa propre volonté aux autres. Nous devons veiller au strict respect de l’état de droit international, assurer l’application effective du droit international, et rejeter le « deux poids, deux mesures » et toute application sélective. Les résolutions du Conseil de Sécurité sont contraignantes et doivent être respectées par tous les pays. Le Conseil de Sécurité a une autorité qui doit être préservée par tous les pays. Tous les actes d’intimidation, de tromperie et d’extorsion sont une violation grossière des normes fondamentales régissant les relations internationales. Toute sanction unilatérale dépourvue de mandat du Conseil de Sécurité est infondée, déraisonnable et inadmissible. 

Deuxièmement, nous devons poursuivre l’équité et la justice. Défendre la justice est un impératif de la gouvernance mondiale. L’émergence de nombreux pays du Sud sur la scène historique depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale met en exergue chaque jour un peu plus les problèmes d’inadaptation et d’irrationalité des structures de gouvernance mondiale. Dans ce nouveau contexte, les affaires du monde ne doivent plus être monopolisées par une minorité de pays. Les pays du Sud ont également le droit de réclamer et de défendre leurs droits et intérêts légitimes. Les fruits de développement ne doivent non plus être accaparés par certains pays. Tous les peuples ont droit à une vie meilleure. La réforme du Conseil de Sécurité doit être menée sur la base des consultations démocratiques et doit permettre de renforcer la représentation et le droit à la parole des pays en développement, notamment des pays africains, et de corriger effectivement les injustices historiques. 

Troisièmement, nous devons poursuivre la solidarité et la coopération. Promouvoir la coopération internationale est un but important de la Charte des Nations Unies et le passage obligé pour perfectionner la gouvernance mondiale. Nous devons porter la vision d’amples consultations, de contribution conjointe et de bénéfices partagés, remplacer la confrontation par la coopération, prévenir le perdant-perdant par le gagnant-gagnant et briser les petits cercles par une grande solidarité. Il ne faut pas laisser nos institutions multilatérales devenir dysfonctionnelles et inefficaces à cause du manque de coopération entre États membres. Il est essentiel que le Conseil de Sécurité dépasse les considérations géopolitiques étroites, porte l’esprit de solidarité et de coopération, remplisse effectivement ses missions confiées par la Charte et joue tout son rôle dans la préservation de la paix et de la sécurité internationales.

Quatrièmement, nous devons donner la priorité à l’action. Le perfectionnement de la gouvernance mondiale ne se fait pas par les mots, mais par les actions. Face aux conflits persistants, à la perte de vies innocentes et aux défis posés par les technologies émergentes, les institutions onusiennes ne peuvent se contenter des déclarations mais doivent résoudre les problèmes. En septembre dernier, le Sommet de l’avenir a adopté avec succès le Pacte pour l’avenir. Il est temps de renforcer notre coopération pour le mettre en œuvre, de transformer la feuille de route en plan de concrétisation et de traduire les perspectives prometteuses en actions concrètes. 

La situation au Moyen-Orient demeure fragile et tendue. Gaza et la Cisjordanie sont le foyer du peuple palestinien, mais non une monnaie d’échange politique. « La gouvernance de la Palestine par les Palestiniens » est un principe important qu’il faut respecter dans la gouvernance post-conflit à Gaza. Il est essentiel de poursuivre la solution à deux États et de promouvoir un règlement global, juste et durable de la question palestinienne pour réaliser une paix et une stabilité de long terme au Moyen-Orient.

Cela fera bientôt trois ans que la crise ukrainienne perdure et s’intensifie. Ces derniers temps, la recherche du dialogue et des négociations est une tendance qui s’affirme davantage. Depuis l’éclatement de la crise, la Chine a appelé à un règlement politique et œuvré aux pourparlers de paix. Nous soutenons tout effort en faveur de la paix et continuerons de travailler, conformément au principe en quatre points avancé par le Président Xi Jinping, pour faire entendre, avec tous les pays et les pays du Sud global en particulier, une voix objective, équilibrée et rationnelle, bâtir le consensus pour la cessation des combats et préparer la voie à la paix.

Monsieur le Secrétaire général,
Chers Collègues,

Il y a 80 ans, les représentants de la Chine ont été les premiers à apposer solennellement, par un pinceau chinois, leurs signatures sur la Charte des Nations Unies, inscrivant une page splendide dans les annales de l’histoire mondiale. Depuis le rétablissement de la République populaire de Chine dans son siège légitime aux Nations Unies, nous nous sommes engagés à apporter notre part de contribution à la gouvernance mondiale. La vision de la construction d’une communauté d’avenir partagé pour l’humanité, l’Initiative pour le développement mondial, l’Initiative pour la sécurité mondiale et l’Initiative pour la civilisation mondiale avancées par le Président Xi Jinping sont autant de propositions chinoises pour réformer et perfectionner la gouvernance mondiale.

Nous poursuivons une gouvernance mondiale marquée par la paix et la sécurité. Grand pays ayant le meilleur bilan sur la question de la paix et de la sécurité, la Chine est déterminée à poursuivre la voie du développement pacifique, à rechercher des solutions pacifiques aux différends et divergences et à jouer un rôle constructif dans la promotion du règlement des dossiers brûlants. Les Casques bleus chinois sont aujourd’hui une force clé dans les opérations onusiennes de maintien de la paix, apportant de l’espoir à la paix mondiale.

Nous travaillons à une gouvernance mondiale marquée par le développement commun. Plus grand pays en développement au monde, la Chine concentre ses efforts pour promouvoir le développement de qualité et élargir résolument l’ouverture de haut niveau. Elle est aujourd’hui le principal partenaire commercial de plus de 150 pays et régions. Nous œuvrons à une mondialisation économique bénéfique pour tous et inclusive et à une coopération de qualité dans le cadre de l’Initiative « la Ceinture et la Route », apportant une contribution importante à la prospérité et au développement des pays du monde.

Nous préconisons une gouvernance mondiale marquée par l’ouverture et l’inclusion. Pays doté d’une civilisation ancienne, la Chine recherche l’harmonie et l’inclusion dans la diversité, respecte la diversité culturelle, et fait rayonner les valeurs communes de l’humanité. Elle œuvre, avec une largeur d’esprit, aux échanges, au dialogue, ainsi qu’à la coexistence pacifique et harmonieuse entre différentes civilisations, injectant une nouvelle vitalité au progrès de la civilisation humaine.

Nous défendons une gouvernance mondiale marquée par la coopération multilatérale. Membre fondateur des Nations Unies, la Chine donne l’exemple dans la poursuite du véritable multilatéralisme. Elle a adhéré à presque toutes les organisations internationales intergouvernementales à vocation universelle et à plus de 600 conventions internationales et leurs amendements, et soutient le rôle central des Nations Unies dans les affaires internationales, apportant une contribution constante à la cause de l’ONU.

Monsieur le Secrétaire général,
Chers Collègues,

La Chine à l’ère nouvelle avance à pas déterminés sur la voie radieuse de la modernisation à la chinoise et offrira, par ses nouveaux progrès, de nouvelles opportunités pour la modernisation dans le monde. Au moment où s’ouvrent les 80 prochaines années pour l’ONU, la Chine entend travailler avec toutes les parties pour puiser de la sagesse dans l’histoire, ouvrir une nouvelle ère pour le multilatéralisme et bâtir une gouvernance mondiale plus juste et plus équitable.

Je vous remercie.

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