Intervention de Monsieur Hu Jintao Président de la République populaire de Chine au Sommet des Economies majeures sur la sécurité énergétique et le changement climatique

2008-07-09 00:00

Le 9 juillet 2008, le Président de la République populaire de Chine M. Hu Jintao a fait une importante intervention au Sommet des Economies majeures sur la sécurité énergétique et le changement climatique tenu à Toyako sur l'île d'Hokkaido au Japon. En voici le texte intégral :

Intervention au Sommet des Economies majeures sur la sEcuritE EnergEtique et le changement climatique
Hu Jintao
Président de la République populaire de Chine

(Toyako, Hokkaido, Japon, 9 juillet 2008)

Monsieur le Premier Ministre Yasuo Fukuda,
Chers Collègues,

C'est avec un grand plaisir que je me trouve réuni avec vous sur les rives du magnifique lac Toyako pour des échanges de vues au sujet du changement climatique.

Avec le développement rapide de l'économie mondiale, notamment de l'industrialisation, des problèmes mondiaux comme l'énergie, l'environnement et le changement climatique se posent d'une manière de plus en plus aiguë et lancent des défis communs à tous les pays du monde. Le Dialogue entre le G8 et des pays en développement tenu à Heiligendamm en Allemagne l'année dernière a donné lieu à des échanges de vues francs et approfondis sur le changement climatique. Plus tard, la Conférence des Nations Unies sur le changement climatique a adopté une « Feuille de route de Bali », posant un jalon important dans la lutte commune menée par la communauté internationale contre le changement climatique. Notre réunion d'aujourd'hui représente à la fois un nouvel effort de la communauté internationale pour affronter ensemble le changement climatique et une action majeure visant à promouvoir la mise en œuvre de la « Feuille de route de Bali ». J'espère que la présente réunion contribuera à faciliter les échanges et à dégager des consensus de sorte à insuffler une nouvelle vitalité dans la coopération internationale en matière de changement climatique.

Le changement climatique est au fond une question de développement à laquelle une solution intégrale doit être trouvée dans le cadre du développement durable. La coopération internationale sur le changement climatique doit avant tout trouver un bon équilibre entre la croissance économique, le progrès social et la protection de l'environnement, se baser sur la promotion du développement économique, se fixer comme objectif le renforcement de la capacité de développement durable, mettre l'accent sur l'économie d'énergie, l'optimisation de la structure énergétique et le renforcement de la protection des écosystèmes, tirer pleinement parti des progrès scientifiques et technologiques, pour renforcer sans cesse la capacité de la communauté internationale à atténuer le changement climatique et à s'y adapter.

Les pays représentés à la présente réunion, différents les uns des autres par leur stade du développement, leur niveau de développement technico-scientifique ainsi que leurs conditions nationales, doivent, dans un esprit de responsabilités communes mais différenciées, apporter chacun sa part de contribution active et effective à la lutte contre le changement climatique. Pour ce faire, il est essentiel pour eux de déployer des efforts dans les domaines suivants :

Premièrement, jouer un rôle exemplaire dans l'application de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC) et son Protocole de Kyoto. La CCNUCC et son protocole, ayant fixé le cadre, les principes et les objectifs de la coopération internationale sur le changement climatique, reflètent les différences des pays en termes du niveau de développement économique, des responsabilités historiques et des émissions par tête d'habitant et définissent les efforts à déployer par les pays développés et ceux par les pays en développement. Les pays développés doivent appliquer strictement le Protocole de Kyoto pour atteindre les objectifs de réduction d'émissions définis par celui-ci et honorer effectivement leurs engagements vis-à-vis des pays en développement sur l'octroi de fonds et le transfert de technologies. Tandis que les pays en développement doivent, de leur côté, contribuer autant que possible à la lutte contre le changement climatique, en prenant, dans le cadre de développement durable, des mesures politiques actives visant à atténuer le changement climatique et à s'y adapter.

Deuxièmement, jouer un rôle actif pour faire progresser les négociations internationales. Les années 2008 et 2009 sont cruciales pour la mise en œuvre de la « Feuille de route de Bali », cette dernière a tracé la voie et fixé un calendrier pour les discussions internationales sur le régime post-2012 de lutte contre le changement climatique. La communauté internationale doit œuvrer ensemble pour faire progresser de manière active les négociations internationales sur le changement climatique. Dans ce processus, il est essentiel de s'en tenir au principe des responsabilités communes mais différenciées. Les pays développés doivent s'engager clairement à continuer à réduire en premier leurs émissions. Il faut faire avancer de manière équilibrée et terminer à la date prévue les négociations dans les cadres de la CCNUCC et du Protocole, avec une attention égale portée à chacun des quatre éléments : l'atténuation, l'adaptation, les technologies et le financement. La CCNUCC et le Protocole de Kyoto doivent demeurer le canal principal de négociations et de coopération internationales sur le changement climatique, complété de manière utile par d'autres initiatives et mécanismes. Nous devons montrer notre volonté politique et faire preuve de flexibilité pour contribuer activement au succès des négociations.

Troisièmement, jouer un rôle de leader dans la coopération pragmatique. Le financement et la technologie sont un maillon crucial mais faible dans la coopération sur le changement climatique. A l'heure actuelle, il existe un énorme trou financier dans la coopération internationale sur le changement climatique. Nous devons travailler pour améliorer les mécanismes de financement existants dont le Fonds pour l'environnement mondial (GEF) et mettre en œuvre le plus rapidement possible les projets dans le cadre du Fonds d'adaptation, afin de fournir des soutiens financiers nouveaux et supplémentaires en faveur des pays en développement dans leurs efforts déployés pour s'adapter au changement climatique. Le progrès et l'innovation en matière scientifique et technologique, étant un moyen efficace pour réduire les émissions de gaz à effet de serre et augmenter la capacité d'adaptation, jouent un rôle de pionnier et de pilier dans les efforts de lutter contre le changement climatique. La communauté internationale doit travailler pour explorer et instaurer des mécanismes efficaces de transfert et de diffusion des technologies et réaliser le partage des technologies, afin d'assurer que les pays en développement peuvent s'approprier des technologies abordables qui sont respectueuses du climat et de l'environnement. Etant fort complémentaires dans ce domaine, nos pays sont tout à fait capables d'être en tête de la coopération technologique.

Chers Collègues,

La Chine figure parmi les pays gravement touchés par les impacts négatifs du changement climatique. Quand on examine la question des émissions de la Chine, il importe de tenir compte des trois facteurs suivants : Premièrement, la Chine est un pays en développement engagé dans le processus d'industrialisation et de modernisation. Elle est affrontée à un développement déséquilibré entre les zones urbaines et rurales, entre les différentes régions ainsi qu'entre les secteurs économique et social, et le niveau de vie du peuple n'est pas encore très élevé. A l'heure actuelle, la tâche essentielle de la Chine est de développer l'économie et d'offrir une meilleure vie au peuple. Deuxièmement, les émissions par tête d'habitant sont relativement basses en Chine, et encore plus basses si elles sont calculées en termes d'émissions cumulatives. Une grande partie des émissions totales de la Chine proviennent des émissions de subsistance destinées à satisfaire les besoins fondamentaux de la population. Troisièmement, en raison du changement de la division internationale du travail et de la délocalisation de l'industrie manufacturière, la Chine est confrontée à une pression croissante des émissions transférées à l'échelle internationale.

Le gouvernement chinois, avec une attitude responsable vis-à-vis du peuple chinois et des peuples du monde entier, accorde une haute importance au changement climatique. Nous avons fait de l'édification d'une civilisation écologique une tâche stratégique et nous nous en tenons à la politique nationale fondamentale visant à économiser les ressources et à protéger l'environnement. Nous déployons nos efforts pour assurer que la structure industrielle, le mode de croissance et le mode de consommation de notre pays permettent d'économiser les ressources énergétiques et de protéger l'environnement écologique. Conformément aux plans de développement économique et social et à la stratégie de développement durable, nous avons élaboré le Programme national de Chine sur le changement climatique, créé le Groupe directeur national sur le changement climatique, promulgué une série de lois et règlements et pris des mesures pour faire face au changement climatique.

En prenant comme point de percée l'économie des énergies et la réduction des émissions, nous avons pris toute une série de mesures visant à, entre autres, économiser les ressources, optimiser la structure énergétique, améliorer l'efficacité énergétique et promouvoir le reboisement, et nous avons enregistré des résultats remarquables. Nous nous sommes fixé les objectifs clairs selon lesquels, d'ici 2010, l'intensité énergétique sera diminuée de 20% par rapport à 2005, les émissions des polluants majeurs seront réduites de 10% et le taux de la couverture forestière passera de 18,2% en 2005 à 20%. Nous sommes fermement déterminés à réaliser ces objectifs.

Pour s'adapter au changement climatique, la Chine n'a cessé de déployer ses efforts pour augmenter ses capacités d'adaptation dans les domaines de l'agriculture, des écosystèmes naturels, des ressources en eau et autres. Elle accorde une haute importance à la prévention et à la réduction des catastrophes naturelles, en minimisant les dégâts causés par les conditions climatiques désastreuses et les événements climatiques extrêmes.

Chers Collègues,

Conformément à la CCNUCC et à son Protocole de Kyoto, la Chine poursuivra le principe de responsabilités communes mais différenciées pour promouvoir activement les négociations sur la mise en œuvre de la « Feuille de route de Bali » et apporter une plus grande contribution à la coopération internationale sur le changement climatique. La Chine entend travailler inlassablement avec la communauté internationale pour réaliser un développement harmonieux, propre et durable dans le monde.

Je vous remercie.

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