Bâtir ensemble l'avenir de l'Asie-Pacifique par la confiance et la coopération
-Discours du Ministre des Affaires étrangères Yang Jiechi,au premier Forum Lanting
(1er décembre 2010)
Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs,
Mesdames et Messieurs les Entrepreneurs,
Mesdames et Messieurs les Experts, Universitaires et Journalistes,
C'est un très grand plaisir pour moi de participer à ce premier Forum Lanting. Pourquoi ce nom Lanting ? Parce que Lan, le bleu, fait penser à la mer et au ciel qui, par leur immensité, leur générosité et leur dynamisme, incarnent les idées de la coexistence harmonieuse, de l'ouverture et du gagnant-gagnant. Il traduit bien notre volonté de réunir, dans un esprit de tolérance et d'inclusivité, les sagesses des uns et des autres en vue d'un dialogue et d'échanges approfondis, et de discuter des enjeux du monde avec une vision globale pour prendre le pouls de notre époque et œuvrer ensemble pour le développement. Je suis sûr que le Forum Lanting jettera un pont de communication entre la diplomatie et le grand public, entre la Chine et le monde, et rendra la diplomatie chinoise plus proche des Chinois et plus accessible au monde.
Le choix du thème du Forum, « Situation en Asie-Pacifique et politique chinoise », est très significatif, dans la mesure où le développement de l'Asie-Pacifique est au centre des attentions et que la Chine se trouve dans cette partie du monde. Approfondir les discussions sur ce sujet permettra d'accroître la confiance et d'élargir les consensus. Et c'est avec plaisir que je participe à ces discussions.
Les avis étaient partagés sur l'Asie-Pacifique du 21e siècle. Pour les uns, c'est une terre de richesse humaine et d'énormes potentialités promise à un avenir radieux ; et pour les autres, une région accablée de problèmes de tous genres dont les perspectives ne prêtent guère à l'optimisme. Au moment où la première décennie du 21e siècle s'achève, un regard rétrospectif sur le parcours du développement de l'Asie-Pacifique nous suffit pour constater qu'en dépit des différents problèmes et défis auxquels est confrontée la région pour des raisons historiques ou actuelles, la recherche de la paix, de la stabilité, de la coopération et du développement représente l'aspiration de tous les peuples et une tendance irréversible. L'Asie-Pacifique est en train d'émerger comme une région pleine de dynamisme, de vitalité et d'espoir.
- La position stratégique de l'Asie-Pacifique n'a jamais été aussi importante qu'aujourd'hui.
La dernière décennie a vu la place de l'Asie-Pacifique dans le monde s'élever sans cesse, marquée par une influence croissante dans les affaires internationales, la montée remarquable des économies émergentes et le grand dynamisme des mécanismes de coopération régionale. L'APEC, avec ses 21 membres, représente 40% de la population mondiale, 54% du PIB global et 44% des échanges commerciaux internationaux. Mécanisme de coopération tous azimuts opérant à plusieurs niveaux et dans de vastes domaines, il joue un rôle actif dans la promotion de la prospérité et du développement partagés. Les différents mécanismes de coopération régionale connaissent un développement vigoureux. Les initiatives et idées nouvelles et novatrices se multiplient, traduisant la volonté forte et partagée des différentes parties de coopérer pour faire face aux défis. Certes, le prolongement des effets profonds de la crise financière internationale sur les économies, l'aggravation momentanée des tensions régionales et l'acuité croissante des problèmes planétaires posent de sérieux défis au développement de l'Asie-Pacifique. Mais les pays de la région, dans leur ensemble, connaissent le redressement économique, s'engagent les uns après les autres dans la voie de la transformation de leur mode de développement dans la période post-crise et voient leur position dans le monde continuer à s'élever. Ils sont donc appelés à jouer un rôle de plus en plus important dans la promotion de la paix et du développement dans le monde.
- La dynamique de développement en Asie n'a jamais été aussi forte.
Ayant connu un développement rapide au cours de la dernière décennie, l'Asie, acteur majeur de la région Asie-Pacifique, est aujourd'hui parmi les zones les plus dynamiques à la plus forte croissance et s'affirme chaque jour davantage comme un moteur de la croissance mondiale. Face à deux crises financières, les pays asiatiques, en travaillant dans la solidarité et en comptant essentiellement sur leurs propres efforts, ont su préserver la stabilité économique et jeter une base plus solide pour leur développement futur. Un enseignement important que les pays asiatiques ont tiré de leur lutte contre les crises est qu'il faut trouver une voie de développement adaptée aux réalités nationales et stimuler les sources intérieures de croissance. Dans le même temps, l'Asie s'est efforcée, dans un esprit d'ouverture, d'élargir sa coopération pragmatique avec l'Europe, l'Afrique, l'Amérique du Nord et l'Amérique latine et d'accélérer la construction des zones de libre-échange pour franchir des pas importants dans son développement.
J'aimerais illustrer le développement de l'Asie par trois chiffres de 50%. Premièrement, la puissance économique globale de l'Asie a sensiblement augmenté. Au 19e siècle, le PIB asiatique représentait la moitié du PIB mondial avant de décliner. Depuis le 20e siècle, les pays asiatiques ont déployé des efforts considérables pour se rattraper et ont réussi à renouer avec un développement économique rapide. Si l'Asie compte pour un tiers de l'économie mondiale en 2009, elle pourra en occuper de nouveau une part de 50% vers le milieu du siècle selon les pronostics des institutions économiques internationales crédibles. Deuxièmement, l'intégration économique en Asie de l'Est s'accélère. Il y a cinq ans, le volume des échanges commerciaux à l'intérieur de cette zone avoisinait déjà 3 000 milliards de dollars US, soit plus de 50% du total des échanges commerciaux des pays de la région. La coopération régionale en Asie de l'Est a surtout connu des progrès prodigieux. Les mécanismes tels que ASEAN, 10+1, 10+3, Chine-Japon-République de Corée et Sommet de l'Asie de l'Est ne cessent de se perfectionner. Plus que jamais, ils se complètent, se coordonnent et progressent côte à côte. Troisièmement, l'immense potentialité humaine, culturelle et technico-scientifique et le soft power croissant des pays asiatiques constituent un moteur puissant pour le développement durable de l'Asie. Selon les dernières statistiques de l'UNESCO, l'Asie possédait en 2002 35,7% des chercheurs scientifiques du monde. Ce chiffre est passé à 41,4% en 2007 et atteindrait très probablement 50% dans quelques années. Une Asie dynamique, pacifique et en plein développement est donc en train d'émerger dans le monde.
- Les liens entre la Chine et l'Asie-Pacifique n'ont jamais été aussi étroits.
Au cours des dix dernières années, la Chine et l'Asie-Pacifique ont progressé côte à côte, se sont soutenues mutuellement et sont entrées l'une comme l'autre dans une nouvelle ère de développement. En tant que membre de la grande famille Asie-Pacifique, la Chine partage avec les autres pays de la région la lourde responsabilité de préserver la prospérité et la stabilité régionales. Nous sommes profondément conscients que sans un environnement régional propice, il serait difficile pour la Chine de réaliser un développement durable, et que le développement de la Chine contribue considérablement à celui de la région. La Chine, fidèle à sa voie de développement pacifique et à sa stratégie d'ouverture mutuellement avantageuse, poursuit une politique de bonne entente et de partenariat à l'égard de ses voisins. Elle entend développer une coopération amicale avec tous les pays sur la base des cinq Principes de la Coexistence pacifique afin de construire ensemble un environnement régional où règnent la paix, la stabilité, l'égalité, la confiance mutuelle et la coopération gagnant-gagnant. La Chine est liée à ses voisins non seulement par une amitié traditionnelle de longue date mais aussi et surtout par des intérêts communs croissants. Après dix ans d'efforts inlassables, la Chine et les autres pays d'Asie-Pacifique voient leur confiance mutuelle s'enraciner davantage dans les esprits au cours de la lutte commune contre les crises, leur coopération mutuellement bénéfique connaître un développement soutenu et global dans une inspiration et un enrichissement réciproques et leur coopération multi-sectorielle porter de nouveaux fruits importants :
Sur le plan politique, les échanges se sont intensifiés chaque jour davantage avec l'établissement de partenariats de diverses formes et l'organisation de dialogues fructueux. Cette année, il y a eu avec presque tous les pays d'Asie des visites croisées de haut niveau et des échanges, soit plus de 60 visites, et près de 50 personnalités politiques des pays asiatiques sont venues assister à l'Exposition universelle de Shanghai et aux Jeux asiatiques de Guangzhou. Des échanges et dialogues se sont également organisés entre divers départements et à différents échelons.
Sur le plan économique, la coopération s'est approfondie sans cesse. Le volume de notre commerce avec les pays d'Asie-Pacifique a connu une croissance continue depuis dix ans, et huit de nos dix premiers partenaires commerciaux sont de la région. Durant la même période, notre commerce avec les pays d'Asie a triplé, et nous sommes le premier marché d'importation en Asie depuis plusieurs années consécutives et le premier partenaire commercial du Japon, de la République de Corée, de l'Inde, du Vietnam et de la Mongolie. Au cours de l'exécution du 11e plan quinquennal, 60% de nos investissements directs non financiers à l'étranger ont été réalisés chez nos voisins, et l'Asie est devenue la région qui accueille le plus grand nombre d'entreprises chinoises. Nous avons travaillé activement à élargir notre coopération financière avec les pays d'Asie-Pacifique, créé un fonds de coopération Chine-APEC de 20 millions de dollars et conclu des accords de swap de devises d'un montant total de 360 milliards de yuans RMB avec la Malaisie, l'Indonésie et la République de Corée. Dans la lutte contre la crise financière internationale, nous avons œuvré en solidarité avec les autres pays de la région pour approfondir notre coopération pragmatique et contribuer énergiquement à la reprise et au développement de l'économie en Asie-Pacifique.
Sur le plan sécuritaire, la coopération a continué à s'élargir. Militant pour un règlement pacifique et négocié des différends, nous nous sommes efforcés de faire avancer les pourparlers à six et avons joué un rôle constructif dans le règlement des situations de crise. Nous avons pris une part active aux travaux des mécanismes de dialogue sécuritaire tel que le Forum régional de l'ASEAN et mené une coopération avec les pays de la région en matière de lutte contre le terrorisme, de non-prolifération, de lutte contre la criminalité transnationale et de santé publique. Nous préconisons depuis toujours que les contentieux territoriaux et maritimes doivent être traités et réglés adéquatement par voie de dialogue et de consultations, sur la base des faits et dans le respect des normes fondamentales des relations internationales. Après les catastrophes naturelles comme le tsunami en Océan indien et les inondations au Pakistan, nous avons fait preuve de solidarité et de générosité en accordant rapidement aux pays victimes des aides sous diverses formes, témoignant de l'amitié du peuple chinois envers les populations sinistrées.
Sur les plans culturel et humain, les échanges se sont amplifiés. Nous avons travaillé activement pour promouvoir les échanges de personnes dans le cadre de l'APEC, la coopération en matière de mise en valeur des ressources humaines ainsi que les échanges et dialogues éducatifs et culturels. Depuis dix ans, le nombre d'étudiants asiatiques en Chine a augmenté d'année en année pour dépasser 160 000 personnes l'an dernier, soit les trois quarts de l'ensemble des étudiants étrangers en Chine. Nous avons créé en Asie une centaine d'Instituts Confucius et de classes Confucius et ouvert des centres culturels en République de Corée, au Japon, en Mongolie et dans d'autres pays d'Asie. Nous avons travaillé activement à la formation de personnels pour les pays asiatiques en développement en formant plus de 14 000 personnes des pays de l'ASEAN ces cinq dernières années.
La Chine cherche à promouvoir, de concert avec les autres pays d'Asie-Pacifique, la construction des mécanismes de coopération régionale. À notre avis, il faut prendre en compte la grande diversité de la région, agir selon les principes du consensus, de la progressivité, de l'ouverture et de la tolérance, commencer par les plus faciles pour s'attaquer ensuite aux plus difficiles et faire valoir les mécanismes existants et leur complémentarité afin de faire progresser la coopération dans la région. En janvier dernier, la zone de libre-échange Chine-ASEAN a été créée, offrant un environnement favorable sans précédent à l'élargissement de la coopération en matière de commerce et d'investissements entre les deux parties et des bénéfices tangibles à près d'un tiers de la population mondiale. La Chine soutient le Master Plan on ASEAN Connectivity et travaille ensemble avec les pays concernés pour promouvoir la construction de routes, de chemins de fer, de voies de navigation fluviale et de ports. La coopération 10+3 a affiché une grande vitalité dans la lutte contre la crise financière avec la multilatéralisation de l'Initiative de Chiang Mai et la mise en place d'une réserve de devises régionale de 120 milliards de dollars et d'un fonds régional de garantie de crédit et d'investissement de 700 millions de dollars. La coopération entre la Chine, le Japon et la République de Corée a aussi franchi un nouveau pas en se fixant comme objectif de terminer en 2012 les études conjointes gouvernement-industries-milieu académique sur l'établissement d'une zone de libre-échange entre ces trois pays. La Chine œuvre activement à la libéralisation et à la facilitation du commerce et des investissements en Asie-Pacifique, soutient le renforcement de l'intégration économique régionale et appuie les efforts visant à faire de l'APEC une importante plate-forme régionale de coopération économique et commerciale. Nous souhaitons voir les pays concernés jouer un rôle constructif dans la coopération régionale, et nous sommes ouverts et favorables à toute initiative de coopération pouvant contribuer à l'intégration économique et à la prospérité commune en Asie-Pacifique.
Le bilan des 10 ans écoulés montre que le chemin du développement de l'Asie-Pacifique n'a pas été sans embûche. Dans cette vaste région très diversifiée de par les réalités nationales, les systèmes sociaux et les étapes de développement, apparaissent des points chauds très complexes, s'entremêlent des questions sécuritaires classiques et non classiques, et donc se posent de multiples défis pour l'approfondissement de la compréhension et de la confiance mutuelle, la préservation de la paix durable dans la région et la réalisation du développement commun. Cependant, les pays de la région, en adoptant une vision à long terme et en tenant compte de l'intérêt général, ont toujours su transformer les crises en opportunités et réaliser un développement plus important. Ce que nous pouvons retenir comme enseignements importants des dix ans de développement de l'Asie-Pacifique est comme suit :
Premièrement, la coopération en est la base. Avec l'essor de la globalisation et de l'informatisation, le monde devient de plus en plus un « village planétaire » où nous vivons en étroite interdépendance. En tant que membres importants de ce « village », les pays d'Asie-Pacifique font face à la mission commune de préserver la paix et la stabilité, à la tâche commune de promouvoir le développement économique et d'éliminer la pauvreté, ainsi qu'aux défis communs d'enrayer l'éclatement des crises et de réaliser la transformation du mode de développement. Les grands changements dans le monde et en Asie-Pacifique appellent à une grande libération des esprits et à un grand renouvellement des conceptions et nous demandent d'adopter des concepts nouveaux de solidarité, de coopération et de gagnant-gagnant à la place de la logique de la guerre froide et des préjugés idéologiques. Si le 20e siècle a été marqué par la succession des guerres chaudes et froide ainsi que la confrontation bipolaire, le 21e siècle doit être un siècle de paix, de coopération et de gagnant-gagnant.
Deuxièmement, le développement en est la clé. Dans l'ensemble, l'Asie-Pacifique maintient une grande dynamique de développement et a devant elle de nouvelles opportunités rares. Mais les facteurs d'instabilité et d'incertitude restent nombreux. Le terrorisme subsiste tandis que les questions sécuritaires non classiques, telles que la sécurité économique, énergétique et alimentaire, le changement climatique ainsi que la prévention et la réduction des catastrophes naturelles, se posent avec une plus grande acuité. Ces questions qui lancent des défis au développement durable de la région sont pour la plupart des questions rencontrées dans notre marche en avant et ne peuvent être réglées qu'à travers le développement partagé. Pour les questions qui ne peuvent pas être réglées dans l'immédiat, il faut être suffisamment patient et éviter la complication des contradictions qui pourrait compromettre le développement et porter atteinte aux intérêts communs à long terme de la région. Pourvu que nous agrandissions le gâteau des intérêts communs et apportions des dividendes du développement aux peuples de la région, nous pourrons certainement surmonter efficacement les défis et réaliser un développement meilleur et plus rapide de la région.
Troisièmement, la mise en place d'un nouveau concept de sécurité en est la garantie. Dans le monde d'aujourd'hui, les menaces sur la sécurité internationale sont de plus en plus complexes et diversifiées, les questions sécuritaires deviennent plus transversales, plus globales et plus liées entre elles. Pour régler ces questions, faire cavalier seul n'est pas l'approche à recommander. La seule issue est de coopérer. Nous devons cultiver un nouveau concept de sécurité axé sur la confiance mutuelle, les avantages réciproques, l'égalité et la collaboration. Il faut respecter la sécurité non seulement de son propre pays, mais aussi des autres pays, afin de promouvoir la sécurité commune. Nous devons régler les différends à travers le dialogue et les consultations. Les différends territoriaux et maritimes entre les États doivent être réglés pacifiquement à travers les négociations bilatérales entre les parties directement concernées qui, nous en sommes sûrs, sont capables de bien résoudre leurs problèmes par leurs propres efforts et grâce aux consensus déjà obtenus et aux canaux de dialogue ouverts. Tous les pays doivent y jouer un rôle constructif, travailler davantage pour la stabilité régionale, la confiance mutuelle et l'unité des pays et ne rien faire qui puisse créer des contradictions et des tensions et compliquer les choses.
Actuellement, la tension monte de nouveau dans la Péninsule coréenne, et la Chine suit avec attention l'évolution de la situation. En tant que grand pays responsable, la Chine détermine toujours sa position selon la réalité des faits et adopte une attitude impartiale. Elle estime qu'aujourd'hui, l'urgence est de prévenir l'escalade de la tension, de se garder de jeter de l'huile sur le feu et de faire preuve de sang-froid et de retenue pour remettre l'affaire sur la voie du dialogue et des négociations. Comme tout le monde le constate, depuis l'échange de tirs entre la République populaire démocratique de Corée et la République de Corée, la Chine a déployé de multiples efforts pour prévenir l'escalade et l'aggravation de la situation. Elle a mené d'étroites concertations et coordinations avec les parties concernées, en les exhortant à garder le sang-froid et la retenue, à régler les problèmes par voie de dialogue et de consultations et à préserver ensemble la paix et la stabilité dans la Péninsule coréenne. Elle a par ailleurs proposé d'organiser à Beijing, pendant la première décade de décembre, des consultations urgentes entre les chefs des délégations aux pourparlers à six, en souhaitant que ces consultations puissent contribuer à l'apaisement de la tension et créer des conditions favorables à la reprise des pourparlers à six. Nous continuerons à agir dans ce sens pour pousser les différentes parties à œuvrer ensemble à la préservation de la paix et de la stabilité dans la Péninsule coréenne et en Asie du Nord-Est.
Quatrièmement, le respect de la diversité en est une condition préalable. L'Asie-Pacifique est d'une grande diversité et aussi d'une grande complexité. Les pays de la région, aux régimes politiques et économiques, aux contextes historiques et culturels, et aux modes de développement social différents, ont réalisé, dans un long processus historique, un développement partagé dans la diversité. Tel est la particularité et l'atout de cette région, et aussi la source de son dynamisme permanent. Fidèles à cette tradition, nous devons renforcer l'inspiration mutuelle et les échanges humains et culturels dans un esprit d'ouverture, de tolérance, de recherche des points communs par-delà les divergences, de compréhension et de concession mutuelles, pour faire de notre région une grande famille plurielle et harmonieuse.
Mesdames et Messieurs,
L'année 2011 qui ouvrira la 2e décennie du 21e siècle sera une année charnière d'importance majeure. Elle sera une année importante pour l'Asie-Pacifique et le monde entier qui auront à promouvoir la reprise et le développement économiques, à faire avancer la transformation de mode de développement post-crise, à approfondir la réforme du système international et à relever les défis planétaires ; pour la Chine, elle marquera le début de la mise en œuvre du 12e Plan quinquennal et l'entrée dans une période cruciale pour l'approfondissement de la réforme et de l'ouverture sur l'extérieur et l'accélération de la transformation du mode de développement économique. Ayant les mêmes objectifs, la Chine, le monde et l'Asie-Pacifique ont des intérêts étroitement liés. La Chine entend approfondir sa coopération avec les autres pays d'Asie-Pacifique pour relever ensemble les défis et promouvoir la paix et le développement dans le monde. Ainsi sommes-nous appelés à concentrer nos efforts autour des axes suivants :
Premièrement, faire le maximum d'efforts pour la reprise et la croissance de l'économie mondiale. À l'heure actuelle, l'économie mondiale redémarre lentement sur fond d'instabilités dans le marché financier international, de fortes fluctuations des taux de change des monnaies principales, de surenchère des prix des matières premières et de nette recrudescence du protectionnisme. La fragilité et le déséquilibre de la reprise économique mondiale se manifestent davantage. Il nous faut donc continuer à faire valoir l'esprit de solidarité, tout en consolidant et en élargissant les acquis et les consensus réalisés, renforcer la coordination des politiques macro-économiques et accélérer les réformes dans le secteur financier international et autres, pour contribuer à une croissance forte, durable et équilibrée de l'économie mondiale. Il nous faut par ailleurs travailler à réduire l'écart de développement entre le Nord et le Sud, à encourager la coopération Nord-Sud, à combattre fermement toute forme de protectionnisme, à préserver l'environnement de commerce et d'investissement ouvert et libre, et à conclure les négociations du cycle de Doha avec des résultats globaux et équilibrés sur la base des acquis obtenus pour réaliser au plus tôt les objectifs du cycle de développement.
Deuxièmement, relever ensemble les grands défis planétaires. La coopération bilatérale et multilatérale autour des défis planétaires dont le changement climatique, la prévention et la réduction des catastrophes naturelles et la lutte contre le terrorisme, est d'ores et déjà un nouveau pôle de croissance et le volet le plus prometteur de la coopération internationale. Et cette tendance continuera à se confirmer dans l'avenir. Nous devons œuvrer ensemble pour assurer des progrès à la Conférence de Cancun sur le changement climatique et, en restant attachés au principe des « responsabilités communes mais différenciées », relever ensemble le défi du changement climatique. Il nous faut concilier les efforts du développement économique et ceux de la protection de l'environnement, développer activement la coopération en matière d'énergies propres, d'économie d'énergie et de protection de l'environnement et promouvoir le développement de l'économie verte ; mettre en œuvre un nouveau concept de sécurité énergétique caractérisé par la coopération mutuellement avantageuse, le développement diversifié et la garantie coordonnée et satisfaire les besoins énergétiques de tous les pays, notamment des pays en développement ; lutter ensemble contre le terrorisme et la piraterie pour assurer la sécurité en mer et protéger les échanges commerciaux normaux ; et, renforcer la coopération et l'inspiration mutuelle en matière de prévention et de réduction des catastrophes naturelles afin de limiter les impacts des catastrophes sur la vie et les biens des populations.
Troisièmement, approfondir sans cesse la réforme du système international. Cette réforme sera ardue dans le contexte où les conséquences de la crise financière internationale ne sont pas encore éliminées et la contradiction entre la multiplication des risques globaux et la faible capacité de gouvernance mondiale continue d'exister. Les cinq sommets du G20 ont joué un rôle de poids dans la coordination des efforts de lutte contre la crise, la promotion de la reprise de l'économie mondiale et le lancement du processus de la réforme du système économique et financier international. Nous devons continuer à faire jouer le rôle du G20 en tant que principale plate-forme de la gouvernance économique mondiale. Il nous faut également concrétiser les consensus en matière de réforme des institutions financières internationales dont le FMI et la Banque mondiale, préserver et renforcer la place centrale de l'ONU dans l'actuel système international, et accroître effectivement la voix au chapitre et la représentation des pays en développement dans le système international.
Quatrièmement, œuvrer à préserver la paix et la stabilité internationales et régionales. La question nucléaire de la Péninsule coréenne, la question nucléaire iranienne, l'Afghanistan et le Soudan sont des dossiers très complexes, et la communauté internationale doit œuvrer activement mais sûrement en faveur de l'apaisement et du règlement de ces problèmes dans le cadre général des efforts de préservation de la paix et de la stabilité. Sur le nucléaire iranien, les parties concernées devraient, partant de l'intérêt général et à long terme, intensifier leurs efforts diplomatiques, faire preuve de patience et adopter des politiques plus souples, plus pragmatiques et plus actives, en vue de trouver une solution globale, durable et adéquate par voie de dialogue et de négociations, et de préserver le régime international de non-prolifération nucléaire et la paix et la stabilité au Moyen-Orient. L'indépendance, la souveraineté et l'intégrité territoriale de l'Afghanistan doivent être pleinement respectées, et nous devons apporter tout notre soutien à sa reconstruction pour contribuer ensemble à la paix et à la stabilité dans ce pays et dans la région en général. Nous devons respecter pleinement la souveraineté du Soudan de même que la volonté et les choix du peuple soudanais. Il faut, tout en assurant la paix et la stabilité du Soudan et de la région, promouvoir, à pas assurés, la mise en œuvre de l'Accord de paix global afin de bien préserver la paix, la stabilité et le développement de la région.
Cinquièmement, renforcer l'inspiration mutuelle et l'interaction bénéfique des civilisations et promouvoir les échanges culturels. Il nous faut respecter pleinement les voies de développement choisies par les différents pays en toute indépendance, renforcer l'inspiration mutuelle et partager les fruits utiles. Nous devons continuer à développer la coopération dans les domaines culturel, éducatif, sanitaire et touristique et promouvoir les échanges populaires, pour jeter une base culturelle et populaire solide à l'approfondissement de notre coopération tous azimuts. La Chine travaillera activement pour bien organiser les colloques et séminaires sur la promotion du dialogue et des échanges entre les civilisations afin de mieux contribuer au développement des cultures dans la diversité et à la promotion des échanges culturels.
Mesdames et Messieurs,
La solidarité garantit la prospérité. En regardant l'avenir, nous nous rendons compte que s'agissant de la paix et du développement, notre monde et surtout l'Asie-Pacifique font face à la fois à des opportunités sans précédent et à des défis complexes. Mais en nous appuyant sur une ferme confiance et une coopération solidaire, nous pourrons certainement saisir les opportunités, relever les défis, trouver une voie innovante de coexistence harmonieuse et de coopération gagnant-gagnant entre les différentes civilisations et entre les pays aux modes de développement différents, et créer ensemble un avenir plus radieux.
Je vous remercie.