CCTV : Des experts et des érudits africains, dont Mwangi Wachira, ancien économiste à la Banque mondiale et conseiller du gouvernement kenyan, et Nkolo Foé, professeur à l’École des sciences humaines de l’Université de Yaoundé I au Cameroun, ont noté dans des interviews récentes que l’avancement de la modernisation concernait l’avenir de l’humanité et le bien-être des populations de tous les pays, que dans sa coopération avec l’Afrique, la Chine laissait le continent libre de poursuivre la modernisation à l’africaine, et que les deux parties devaient travailler ensemble dans leur poursuite de la modernisation. Quel est votre commentaire à ce sujet ? Quels résultats la Chine a-t-elle obtenus en promouvant la modernisation de l’Afrique ? Quelles autres nouvelles mesures la Chine va-t-elle mettre en place ?
Lin Jian : La réalisation de la modernisation représente l’objectif commun de la Chine et des pays africains. La Chine soutient fermement l’Afrique dans l’exploration de la voie du développement indépendant et se concentre sur trois domaines dans lesquels la modernisation est la plus urgente. Nous avons lancé l’initiative en faveur de l’industrialisation de l’Afrique et mis en œuvre le plan d’assistance à la modernisation de l’agriculture de l’Afrique et le plan de coopération sino-africaine pour le développement des talents dans le cadre du Forum sur la coopération sino-africaine (FOCAC), afin de soutenir le développement et la prospérité de l’Afrique par des mesures concrètes.
Le développement des infrastructures est une priorité. La Chine a aidé de nombreux pays africains à construire leur première autoroute, leur premier pont maritime et leur premier parc industriel. Le commerce et l’économie constituent un domaine de coopération important. Le volume du commerce entre la Chine et l’Afrique a atteint un nouveau record de 282,1 milliards de dollars l’année dernière. Fin 2023, le stock des investissements directs de la Chine en Afrique avait dépassé 40 milliards de dollars. Au cours des trois dernières années, la Chine a aidé à la création de plus de 1,1 million d’emplois en Afrique. Le développement axé sur les technologies est au cœur de la coopération. Nous avons mené des recherches conjointes dans les domaines de l’énergie renouvelable, de l’agriculture durable et de la télédétection des ressources, et nous avons approfondi notre coopération dans les domaines des satellites et de l’aérospatiale, de l’économie numérique, des batteries et des produits photovoltaïques. L’amélioration du bien-être de la population est notre objectif ultime. Un certain nombre de projets « petits mais intelligents » ont été mis en œuvre, tels que l’Atelier Luban, le programme « Accès à la télévision par satellite pour 10 000 villages africains » et le programme « Ceinture solaire de l’Afrique ». Notre approche consiste à « apprendre aux autres à pêcher », en partageant avec l’Afrique les expériences chinoises en matière de gouvernance et de réduction de la pauvreté, aidant ainsi l’Afrique à transformer son avantage démographique en ressources humaines, et à tirer pleinement parti de son dividende de talents pour faire progresser la modernisation.
Lors du forum des groupes de réflexion Chine-Afrique en mars de cette année, les savants chinois et africains sont parvenus au consensus de Dar es Salaam, soulignant que les pays devraient choisir des voies de développement basées sur leurs propres conditions nationales et caractéristiques culturelles, promouvoir conjointement la construction d’une multipolarisation égale et ordonnée et une mondialisation économique inclusive et bénéfique pour tous, et s’attaquer aux difficultés structurelles qui limitent le processus de modernisation des pays en voie de développement. Cette réflexion s’est affranchie de l’idée que « modernisation égale occidentalisation », a élargi les choix de voie des pays en développement en matière de modernisation et a reflété l’aspiration commune des pays du Sud global.
La Chine et l’Afrique aspirent toutes deux à une vie meilleure, conviennent de l’importance de la solidarité et de la coopération et cherchent à réaliser la modernisation. Quelle que soit l’évolution du paysage international, la Chine et l’Afrique resteront des compagnons de route et de bons partenaires sur la voie de la modernisation. Lors du sommet 2024 du FOCAC qui se tiendra la semaine prochaine, les dirigeants chinois et africains exploreront la coopération et traceront la voie de l’avenir sous le thème « Joindre les mains pour faire progresser la modernisation et construire une communauté d’avenir partagé Chine-Afrique de haut niveau ». La Chine est prête à s’embarquer avec l’Afrique dans un nouveau voyage vers la modernisation et à contribuer conjointement à la modernisation mondiale et au développement commun de l’humanité.
Anadolu Agency : L’armée israélienne a lancé une opération militaire en Cisjordanie occupée hier, visant les camps de réfugiés de Jénine, Tulkarem et Tubas avec des raids, des frappes aériennes et la destruction de routes et de bâtiments. L’opération a fait 11 morts et plusieurs blessés parmi les Palestiniens jusqu’à présent. Le ministre israélien des Affaires étrangères, Israël Katz, a appelé à « l’évacuation temporaire » des civils palestiniens en Cisjordanie et a déclaré qu’il prendrait « toutes les mesures nécessaires » pour mener à bien l’opération. Les Nations Unies se sont déclarées très préoccupées par « l’exposition des civils à des tactiques de guerre meurtrières ». Quel est le commentaire de la Chine sur l’escalade du conflit palestino-israélien du Gaza vers la Cisjordanie ?
Lin Jian : La Chine suit de près la situation actuelle du conflit palestino-israélien. Nous sommes profondément préoccupés par l’escalade en Cisjordanie. La Chine s’oppose aux actions qui alimentent les tensions et condamne toutes les attaques contre les civils. Nous appelons toutes les parties concernées, et Israël en particulier, à rester calmes et à faire preuve de retenue, afin d’éviter une nouvelle escalade et une détérioration de la situation.
Reuters : Le conseiller principal de la Maison Blanche pour la politique climatique internationale, John Podesta, devrait rencontrer l’envoyé spécial de la Chine pour le changement climatique, Liu Zhenmin, au cours de la première semaine de septembre. La Chine et les États-Unis coopèrent en matière de transition énergétique et de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Quels résultats la Chine souhaite-t-elle atteindre à l’issue de cette rencontre ?
Lin Jian : Lors de ce cycle de communication stratégique entre le directeur du Bureau de la Commission centrale des Affaires étrangères, Wang Yi, et le conseiller à la sécurité nationale des États-Unis, Jake Sullivan, les deux parties ont convenu de continuer à mettre en œuvre le consensus important conclu par les deux présidents à San Francisco et de mener une coopération sur la réponse au changement climatique. En ce qui concerne la question spécifique, je vous recommande de consulter les services compétents chinois.
The New York Times : Y aura-t-il d’autres nouvelles aujourd’hui concernant une conversation téléphonique ou une réunion entre les chefs d’État chinois et américain ?
Lin Jian : La Chine a publié un communiqué de presse sur la communication stratégique entre le directeur Wang Yi et le conseiller à la sécurité nationale des États-Unis Jake Sullivan. Les deux parties ont discuté d’un nouveau cycle d’interactions entre les deux chefs d’État dans un avenir proche. Je n’ai rien d’autre à ajouter.
Global Times : Récemment, plusieurs pays d’Amérique latine ont exprimé leur mécontentement et protesté contre l’ingérence des États-Unis dans leurs affaires intérieures. En réponse aux remarques inappropriées de l’ambassadeur américain au Mexique sur la réforme judiciaire mexicaine, le président mexicain Andrés Manuel López Obrador a déclaré que le Mexique n’était la colonie d’aucune nation étrangère et que les États-Unis devaient apprendre à respecter la souveraineté du Mexique. La présidente du Honduras, Xiomara Castro, a condamné les États-Unis, déclarant que leur ingérence et leur interventionnisme violaient le droit international. Le ministre cubain des Affaires étrangères, Bruno Rodríguez Parrilla, a déclaré sur les médias sociaux que Cuba était très conscient des activités déstabilisatrices de la Fondation Nationale pour la Démocratie (NED) au nom des valeurs démocratiques. Par ailleurs, le Venezuela a critiqué les États-Unis pour leur ingérence dans ses élections. La Bolivie a révélé qu’elle avait subi des pressions de la part de la « grande puissance du Nord » après avoir exprimé sa volonté d’adhérer aux BRICS. Quel est le commentaire de la Chine à ce sujet ?
Lin Jian : Nous avons pris note des rapports concernés. Les États-Unis ont peut-être annoncé la fin de la doctrine de Monroe, mais le fait est que, depuis plus de 200 ans, l’hégémonisme et la politique du plus fort, qui sont intrinsèques à la doctrine, sont loin d’être abandonnés.
La Chine soutient fermement la position juste des pays d’Amérique latine qui s’opposent à l’ingérence étrangère et sauvegardent la souveraineté de leurs pays. Les États-Unis ne doivent pas faire la sourde oreille aux préoccupations légitimes et au juste appel des pays d’Amérique latine et faire ce qu’ils veulent. Nous demandons instamment aux États-Unis d’abandonner dès que possible la doctrine de Monroe et l’interventionnisme, de mettre fin aux actions unilatérales d’intimidation, de coercition, de sanctions et de blocus, et de développer des relations et une coopération mutuellement bénéfique avec les pays de la région sur la base du respect mutuel, de l’égalité et de la non-ingérence dans les affaires intérieures de chacun. L’hégémonisme et la politique du plus fort des États-Unis vont à l’encontre de la tendance historique inéluctable des pays d’Amérique latine à rester indépendants et à rechercher la force par l’unité. De telles approches n’obtiendront aucun soutien et seront reléguées aux oubliettes de l’histoire.
Ukrinform News Agency : Li Hui, représentant spécial du gouvernement chinois pour les affaires eurasiennes, a déclaré lors d’un point de presse il y a deux jours que la Chine était préoccupée par le fait que l’Occident continuait d’assouplir les conditions permettant à l’Ukraine d’utiliser des armes contre la Russie. Pourriez-vous préciser les raisons exactes de l’inquiétude de la Chine face à cette situation ? Cela dit, pourriez-vous commenter le fait que, depuis le début de la guerre, l’armée russe utilise massivement des drones d’attaque iraniens et, plus récemment, des missiles nord-coréens pour mener des attaques meurtrières contre les villes ukrainiennes ?
Lin Jian : Autant que je sache, vos remarques sur le point de presse ne correspondent pas à ce qui a été réellement dit. La communauté internationale s’inquiète aujourd’hui de la poursuite de l’escalade et de l’extension de la crise ukrainienne et estime que la priorité absolue est la désescalade de la situation. La Chine appelle toutes les parties à respecter les trois principes, à savoir non-expansion de champ de bataille, non-escalade de conflit, et qu’aucune partie n’attise les flammes. Les parties concernées doivent rester calmes, faire preuve de retenue et éviter toute action susceptible d’aggraver la situation.
The New York Times : En organisant ces discussions sur un large éventail de sujets entre le directeur Wang Yi et le conseiller à la sécurité nationale des États-Unis Jake Sullivan, la Chine tente-t-elle de maintenir la stabilité des relations sino-américaines au cours des deux prochaines années ?
Lin Jian : En ce qui concerne la communication stratégique entre le directeur Wang Yi et le conseiller Jake Sullivan, la Chine a publié un communiqué de presse détaillé. Dans cette communication, le directeur Wang Yi a déclaré que la clé du maintien de la bonne direction dans les relations Chine-États-Unis résidait dans le rôle de pilotage des deux chefs d’État, que la clé pour éviter les conflits et la confrontation entre la Chine et les États-Unis résidait dans le respect des trois communiqués conjoints, que la clé d’une interaction harmonieuse entre la Chine et les États-Unis résidait dans le fait de se traiter sur un pied d’égalité, que la clé de relations stables et durables entre la Chine et les États-Unis résidait dans la consolidation des fondements de l’opinion publique, et que la clé de la coexistence pacifique entre la Chine et les États-Unis résidait dans l’établissement d’une perception correcte. Je vous recommande de vous référer au communiqué de presse pour plus de détails.
Anadolu Agency : Lors de la visite du conseiller à la sécurité nationale des États-Unis Jake Sullivan à Beijing, les parties américaine et chinoise ont décidé de tenir une conversation téléphonique entre les dirigeants des deux pays. Peut-on s’attendre à une nouvelle rencontre en tête-à-tête ou la visite du président Joe Biden en Chine avant qu’il ne termine son mandat à la fin de l’année ? Le conseiller Jake Sullivan a-t-il abordé ce sujet lors de sa visite en Chine ?
Lin Jian : Je viens de répondre à une question similaire. Lors de ce cycle de communication stratégique, la Chine et les États-Unis ont discuté de la mise en œuvre d’un nouveau cycle d’interactions entre les deux chefs d’État dans un avenir proche. Je n’ai rien d’autre à ajouter.