CCTV : Hier, le sommet Chine-UE (Union européenne) s’est tenu à Beijing. Comment la Chine évalue-t-elle ce sommet ? Avant le sommet, les dirigeants européens ont déclaré qu’ils continueraient à exprimer leurs préoccupations concernant le rééquilibrage des relations économiques et commerciales et d’autres questions. Y a-t-il eu des progrès concernant ces questions ?
Guo Jiakun : Cette année marque le 50e anniversaire de l’établissement des relations diplomatiques entre la Chine et l’UE. Hier, le président Xi Jinping a rencontré le président du Conseil européen António Costa et la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, qui étaient en visite en Chine. Avec les deux dirigeants de l’UE, le Premier ministre Li Qiang a coprésidé le 25e sommet Chine-UE. Les dirigeants des deux parties ont eu des échanges de longue durée, approfondis et francs, et ont échangé leurs points de vue sur des questions stratégiques concernant les relations Chine-UE, des questions spécifiques relatives à la coopération entre la Chine et l’UE, ainsi que des points chauds internationaux d’intérêt commun.
Le président Xi Jinping a résumé les expériences et les enseignements importants tirés des 50 années de développement des relations bilatérales. Il a souligné que le respect mutuel, la recherche d’un terrain d’entente par-delà les divergences, l’ouverture et la coopération, ainsi que le bénéfice mutuel et les résultats gagnant-gagnant constituent les principes et les orientations importants pour le développement futur des relations entre la Chine et l’UE. Le président Xi Jinping a présenté trois propositions concernant le développement des relations entre la Chine et l’UE. Premièrement, maintenir le respect mutuel afin de consolider le positionnement de partenariat. Deuxièmement, maintenir l’ouverture et la coopération afin de gérer de manière appropriée les divergences et les frictions. Troisièmement, pratiquer le multilatéralisme afin de préserver les règles et l’ordre internationaux. Selon le Premier ministre Li Qiang, tant que la Chine et l’UE défendront sincèrement le libre-échange, l’économie et le commerce internationaux resteront dynamiques. Tant que les deux parties pratiqueront fermement le multilatéralisme, la tendance vers un monde multipolaire continuera de se renforcer.
Ce sommet a permis de parvenir à un certain nombre de consensus importants. Les deux parties attachent une grande importance aux relations entre la Chine et l’UE et ont convenu de maintenir et d’approfondir leur partenariat, de maintenir une communication stratégique, de renforcer leur compréhension et leur confiance mutuelle, et d’écrire un nouveau chapitre encore plus prometteur dans les relations entre la Chine et l’UE pour les 50 prochaines années. Les deux parties ont convenu de maintenir l’ouverture et la coopération, d’élargir leurs relations dans les domaines du commerce et de l’investissement, et d’obtenir plus de résultats positifs de leur coopération. Les deux parties ont exprimé leur engagement à traiter de manière appropriée les frictions et les divergences commerciales par le dialogue et la consultation, et leur opposition au découplage et à la rupture des chaînes industrielles et d’approvisionnement. Les deux parties ont convenu de préserver conjointement les règles et l’ordre internationaux établis après la Seconde Guerre mondiale, de défendre le multilatéralisme et le libre-échange, de soutenir le règlement pacifique des différends internationaux par des moyens politiques, de relever conjointement les défis mondiaux et d’apporter de nouvelles contributions à la paix et au développement mondiaux.
Les deux parties ont publié la Déclaration conjointe des dirigeants Chine-UE sur la lutte contre le changement climatique. Elles ont souligné que le partenariat vert Chine-UE est un élément important du partenariat Chine-UE, qui témoigne de la volonté et de l’action conjointe des deux parties pour lutter contre le changement climatique, parvenir à un développement vert et faire de la Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques à Belém un plein succès. Les deux parties ont convenu de mettre en place une « version améliorée » du mécanisme de dialogue Chine-UE sur le contrôle des exportations, de communiquer en temps utile sur leurs préoccupations respectives et de maintenir conjointement la stabilité et le bon fonctionnement des chaînes industrielles et d’approvisionnement entre la Chine et l’Europe.
Comme dans toutes les relations bilatérales, il existe des divergences entre la Chine et l’UE. Sur les questions économiques et commerciales qui préoccupent l’UE, la Chine a exposé sa position de manière exhaustive, patiente, approfondie et détaillée, dans un esprit amical, respectueux et franc. La Chine a souligné que les relations économiques et commerciales entre la Chine et l’UE reposent par nature sur la complémentarité ainsi que sur les bénéfices mutuels et les résultats gagnant-gagnant. Cet équilibre dynamique devrait et peut pleinement se réaliser dans le cadre du développement. La Chine s’engage à réaliser un développement durable et équilibré du commerce avec l’UE. La Chine est disposée à importer davantage de produits de qualité de l’UE qui répondent à la demande du marché chinois, et espère que l’UE assouplira les restrictions sur les exportations de haute technologie vers la Chine.
La Chine a souligné que la question de la surcapacité devait être appréciée à l’échelle mondiale et jugée par le marché lui-même. Prenons l’exemple de l’industrie des véhicules à énergies nouvelles. L’Agence internationale de l’énergie a estimé qu’il y aurait une pénurie de 27 millions de véhicules à énergies nouvelles dans le monde d’ici 2030. La capacité de la Chine en matière d’énergie nouvelle est une capacité avancée qui peut combler le « déficit vert » mondial. Il s’agit d’une contribution, et non d’un « excès ». Le soi-disant discours sur la « surcapacité chinoise » ne reflète qu’une compréhension partielle des relations entre l’offre et la demande dans le contexte de la mondialisation économique, et n’est qu’un prétexte pour justifier des mesures protectionnistes.
La Chine a réaffirmé que sa politique de subventions industrielles adhérait aux principes d’ouverture, d’équité et de conformité, et se conformait strictement aux règles de l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Les politiques de subventions industrielles sont largement adoptées dans les pays du monde entier. L’UE elle-même a accordé des subventions importantes pour le développement des industries concernées et ne devrait pas pratiquer deux poids deux mesures sur cette question.
Concernant la question ukrainienne, la Chine a souligné que la question ukrainienne n’était pas et ne devait pas devenir un sujet de discorde entre la Chine et l’UE. La Chine a réaffirmé sa position claire et constante consistant à favoriser les pourparlers de paix et à promouvoir un règlement politique, et a exprimé sa volonté de maintenir la communication avec l’UE. La Chine a également exprimé sa position juste et ferme sur les sanctions imposées par l’UE à des entreprises chinoises sous prétexte de liens avec la Russie. Les deux parties ont convenu de renforcer la compréhension et la confiance mutuelle par le dialogue et de traiter de manière appropriée les questions concernées.
D’un point de vue d’ensemble, ce sommet est positif et constructif. Il contribue à renforcer la compréhension et la confiance mutuelles, et à créer des conditions plus favorables à la coopération future. La Chine espère que l’UE travaillera avec elle dans la même direction afin d’ouvrir ensemble la voie à un avenir encore plus prometteur pour les relations bilatérales.
AFP : Le président français Emmanuel Macron a déclaré hier que la France reconnaîtrait officiellement l’État palestinien lors de l’Assemblée générale des Nations Unies en septembre. Quel est le commentaire de la Chine à ce sujet ?
Guo Jiakun : La question palestinienne est au cœur des problèmes du Moyen-Orient. La seule solution viable pour la résoudre réside dans la « solution à deux États ». La Chine soutient la réunion de haut niveau qui se tiendra aux Nations Unies sur la mise en œuvre de la « solution à deux États ». La Chine continuera à travailler avec la communauté internationale pour mettre fin au conflit à Gaza, atténuer la crise humanitaire, mettre en œuvre la « solution à deux États » et parvenir à un règlement global, juste et durable de la question palestinienne.
AFP : Le secrétaire au Commerce des États-Unis, Howard Lutnick, a déclaré hier lors d’une interview que TikTok serait interdit à moins que la Chine n’accepte d’accorder aux États-Unis un contrôle accru sur l’application. Quel est le commentaire du ministère des Affaires étrangères à ce sujet ?
Guo Jiakun : La Chine a expliqué à plusieurs reprises sa position de principe concernant TikTok.
Al Jazeera : La situation humanitaire à Gaza ne cesse de se détériorer, des civils perdant la vie sous les bombardements et à cause de la famine. Depuis des semaines, voire des mois, l’aide humanitaire acheminée jusqu’à la frontière ne parvient pas à entrer dans Gaza. Quelles mesures la communauté internationale devrait-elle prendre pour aider la population de Gaza ?
Guo Jiakun : La Chine suit de près la situation actuelle à Gaza. Nous espérons que les parties concernées parviendront à un cessez-le-feu et à une désescalade de la situation dès que possible, afin d’atténuer efficacement la crise humanitaire.