Ministère des Affaires Étrangères
République Populaire de Chine

Conférence de presse du 22 décembre 2025 tenue par le porte-parole du ministère des Affaires étrangères Lin Jian

2025-12-22 19:50

Agence de presse Xinhua : Récemment, un haut responsable chargé de la sécurité et de la défense au cabinet de la Première ministre japonaise a déclaré aux médias que le Japon devrait posséder des armes nucléaires. Le ministre japonais de la Défense a déclaré par la suite qu’aucune option ne serait exclue lors des discussions sur les « trois principes non nucléaires ». Ces déclarations ont suscité de vives critiques de la part de tous les milieux au Japon et dans les pays voisins, notamment en Russie. Quel est le commentaire de la Chine à ce sujet ?

Lin Jian : La Chine est choquée qu’un haut responsable du cabinet du Premier ministre japonais, proche de Sanae Takaichi, ait déclaré effrontément que le Japon devrait posséder des armes nucléaires. Le secrétaire général du cabinet japonais a refusé d’apporter des éclaircissements sur ces propos. Interrogé sur une éventuelle révision des trois principes non nucléaires, le ministre japonais de la Défense a déclaré qu’« aucune option ne serait exclue ». Compte tenu des informations précédentes publiées par les médias japonais selon lesquelles la Première ministre Sanae Takaichi prévoit de réviser les trois principes non nucléaires, les déclarations susmentionnées constituent un défi flagrant à l’ordre international d’après-guerre et au régime de non-prolifération nucléaire, une menace grave pour la paix et la stabilité régionales et internationales, et un revirement complet par rapport à l’engagement du Japon en faveur d’un « développement pacifique ». Il n’est pas du tout convaincant de dire que cette idée est une « opinion personnelle ». La communauté internationale doit être en état d’alerte maximale et s’opposer fermement à de telles remarques. 

Premièrement, ces déclarations constituent une violation grave des obligations qui incombent au Japon en vertu du droit international. Les instruments ayant force de loi en vertu du droit international, notamment la Déclaration du Caire, la Déclaration de Potsdam et l’Acte de capitulation du Japon, stipulent clairement que le Japon doit être complètement désarmé et ne pas maintenir d’industries qui lui permettraient de se réarmer en vue d'une guerre. En tant qu’État non doté d’armes nucléaires partie au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires, le Japon doit respecter pleinement les dispositions relatives à « l’interdiction de recevoir, de fabriquer, d’acquérir ou de transférer des armes nucléaires ». Il s’agit là d’obligations non négociables en vertu du droit international que le Japon doit respecter et qui ne doivent pas être utilisées comme monnaie d’échange à des fins politiques.

Deuxièmement, ces déclarations compromettent gravement la paix et la stabilité dans la région Asie-Pacifique et au-delà. Le régime international de non-prolifération nucléaire est un élément important de l’ordre international d’après-guerre. La tentative du Japon de se doter d’armes nucléaires remet gravement en cause l’autorité et l’efficacité du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires, risque de compromettre les efforts déployés par les pays pour maintenir le régime international de non-prolifération nucléaire et sabote la paix et la stabilité durement acquises après la Seconde Guerre mondiale. Les déclarations du Japon ont suscité l’opposition de nombreux pays. Les hauts responsables du Parti libéral-démocrate (PLD), les membres des partis au pouvoir et de l’opposition ainsi que les groupes civils ont été choqués et ont déclaré que de telles déclarations ne sauraient être tolérées et que les trois principes non nucléaires devaient être strictement respectés.

Troisièmement, les ambitions de remilitarisation des forces de droite japonaises sont assez manifestes. D’anciens dirigeants politiques japonais ont affirmé que le Japon était capable de fabriquer des armes nucléaires. Le Japon fabrique et détient depuis longtemps des stocks de plutonium bien supérieurs à ceux nécessaires à ses programmes nucléaires civils. Le Japon est un État non nucléaire capable de produire du plutonium de qualité militaire. Si le Japon continue à repousser les limites, à défier la justice internationale et à tester les limites de la communauté internationale, la Chine s’y opposera résolument. Ces dernières années, les forces de droite japonaises n’ont cessé de faire progresser le renforcement militaire du Japon. Les dernières déclarations de ce haut responsable du cabinet de la Première ministre japonaise sur la « possession d’armes nucléaires » illustrent la manière dont les forces de droite japonaises tentent de « remilitariser » et de « réarmer » le Japon. Elles en disent long sur les raisons pour lesquelles la Première ministre Sanae Takaichi a pu faire des déclarations aussi erronées et dangereuses concernant Taiwan le 7 novembre. Depuis son entrée en fonction, la Première ministre Sanae Takaichi a exagéré la « situation menaçant la survie » et n’a cessé de brouiller les frontières politiques. Elle a pris un certain nombre de mesures pour franchir la ligne rouge et a fait la sourde oreille aux critiques nationales et internationales. De nombreuses personnes visionnaires au Japon ont mis en garde contre cela. Nous ne pouvons que nous demander : où exactement l’administration Takaichi mène-t-elle le Japon ? 

Cette année marque le 80e anniversaire de la victoire de la Guerre de résistance du peuple chinois contre l’agression japonaise et de la Guerre mondiale antifasciste. Les militaristes japonais ont mené une guerre d’agression et commis des atrocités inhumaines, créant ainsi la page la plus sombre de l’histoire de l’humanité. Malgré sa défaite lors de la Seconde Guerre mondiale, le Japon n’a jamais réussi à éliminer complètement le fléau du militarisme dans le pays. Certaines forces au sein du Japon ont non seulement échoué à réfléchir à l’histoire d’agression du pays, elles ont également été extrêmement mécontentes de l’accord international d’après-guerre. Si les forces de droite au Japon sont laissées libres de développer des armes offensives puissantes, voire de posséder des armes nucléaires, cela entraînera à nouveau un désastre pour le monde. La Chine et tous les pays épris de paix dans le monde sont en état d’alerte maximale et s’opposent fermement à la tendance dangereuse dont fait preuve le Japon sur la question des armes nucléaires. Ils exhortent vivement le Japon à respecter le droit international ainsi que sa Constitution, et à mettre fin à ses initiatives risquées et provocatrices visant à se doter d’armes nucléaires. Le Japon ne doit pas chercher à remettre en cause l’ordre international d’après-guerre et doit cesser de s’engager davantage sur la mauvaise voie.

RT TV : À la suite du 11e dialogue stratégique de haut niveau entre les ministères des Affaires étrangères de la Chine et de la République de Corée, quelles stratégies ou cadres diplomatiques spécifiques la Chine propose-t-elle pour faciliter un rapprochement entre la République populaire démocratique de Corée (RPDC) et la République de Corée ?

Lin Jian : Nous avons publié un communiqué sur le 11e dialogue stratégique de haut niveau entre les ministères des Affaires étrangères de la Chine et de la République de Corée. La position et la politique de la Chine sur la question de la péninsule coréenne restent cohérentes et constantes. La Chine continuera à jouer un rôle constructif à sa manière pour maintenir la paix et la stabilité dans la péninsule et promouvoir le règlement politique de la question coréenne.

Global Times : La secrétaire américaine à la Sécurité intérieure, Kristi Noem, a confirmé le 21 décembre que les garde-côtes américains avaient saisi un pétrolier tôt le matin du 20 décembre, heure locale. La porte-parole adjointe de la Maison-Blanche, Anna Kelly, a déclaré que le pétrolier « faisait partie de la flotte fantôme vénézuélienne chargée de transporter du pétrole volé ». Quel est le commentaire de la Chine à ce sujet ?

Lin Jian : En saisissant arbitrairement les navires d’autres pays, les États-Unis ont gravement violé le droit international. La Chine s’est toujours opposée aux sanctions unilatérales illégales qui n’ont pas de fondement dans le droit international et qui ne sont pas autorisées par le Conseil de sécurité des Nations Unies. La Chine s’oppose également à toute mesure qui viole les buts et principes de la Charte des Nations Unies, porte atteinte à la souveraineté et à la sécurité d’autres pays et constitue une forme d’unilatéralisme et d’intimidation. Le Venezuela a le droit de développer de manière indépendante une coopération mutuellement bénéfique avec d’autres pays. Nous sommes convaincus que la position du Venezuela, qui consiste à défendre ses droits et intérêts légitimes, bénéficie de la compréhension et du soutien de la communauté internationale.

CNR : Selon certaines informations, la réunion extraordinaire des ministres des Affaires étrangères de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN) se tient aujourd’hui à Kuala Lumpur, en Malaisie. La réunion est consacrée à la situation frontalière entre le Cambodge et la Thaïlande. Cependant, les deux pays ne sont pas encore parvenus à un consensus sur un cessez-le-feu. Quel est le commentaire de la Chine à ce sujet ? La Chine pourrait-elle présenter les efforts de médiation entrepris par Deng Xijun, envoyé spécial du ministère chinois des Affaires étrangères pour les affaires asiatiques, en faveur de la paix entre le Cambodge et la Thaïlande ?

Lin Jian : Le Cambodge et la Thaïlande sont tous deux des membres importants de l’ASEAN. La Chine salue et soutient les efforts déployés par l’ASEAN, en particulier la Malaisie, pour promouvoir la paix. En tant qu’ami et voisin proche de ces deux pays, la Chine espère sincèrement que le Cambodge et la Thaïlande cesseront les combats et rétabliront la paix dans les meilleurs délais, dans l’intérêt fondamental des peuples des deux pays, qui consiste à préserver la paix et la stabilité le long de leur frontière.

Depuis la dernière escalade entre les deux pays, la Chine s’est toujours engagée à promouvoir la paix entre les deux parties à sa manière. Le ministre des Affaires étrangères Wang Yi s’est entretenu par téléphone avec ses homologues cambodgien et thaïlandais. Un haut responsable du ministère des Affaires étrangères a maintenu le contact avec le Cambodge, la Thaïlande et les pays concernés de l’ASEAN. L’envoyé spécial du ministère des Affaires étrangères pour les affaires asiatiques, Deng Xijun, effectue actuellement des navettes diplomatiques afin de faciliter les pourparlers de paix. Nous publierons des informations sur les navettes diplomatiques de Deng Xijun en temps utile. La Chine continuera à œuvrer activement en faveur de la paix et à jouer un rôle constructif dans l’apaisement des tensions.

Yonhap News Agency : La République de Corée et les États-Unis entameront l’année prochaine des discussions sur la mise en œuvre du consensus conclu entre leurs dirigeants concernant la construction de sous-marins à propulsion nucléaire par la République de Corée, l’enrichissement d’uranium et d’autres questions. Certains experts militaires chinois ont déclaré dans les médias nationaux que cette initiative perturberait le régime de non-prolifération nucléaire. Quel est le point de vue de la Chine à cet égard ?

Lin Jian : Concernant la coopération entre les États-Unis et la République de Corée dans le domaine des sous-marins, la Chine a exprimé sa position à plusieurs reprises. Nous espérons que la République de Corée traitera cette question avec prudence.

Bloomberg : Un haut responsable du Parti libéral-démocrate japonais a entamé aujourd’hui une visite de trois jours à Taiwan, au cours de laquelle il devrait rencontrer le président taiwanais Lai Ching-te. Quel est le commentaire du ministère des Affaires étrangères à ce sujet ?

Lin Jian : Taiwan est une province de la Chine et il n’y a pas de « président ». Je tiens à souligner que la visite des législateurs du Parti libéral-démocrate japonais dans la région chinoise de Taiwan viole le principe d’une seule Chine, les quatre documents politiques entre la Chine et le Japon et les engagements pris par le Japon envers la Chine. La Chine s’oppose fermement à cette visite et a formulé des représentations solennelles auprès de la partie japonaise. 

Il n’y a qu’une seule Chine dans le monde, et Taiwan fait partie intégrante du territoire chinois. Nous exhortons une nouvelle fois la partie japonaise à réfléchir à ses erreurs et à les corriger, à retirer les propos erronés de la Première ministre Sanae Takaichi et à s’abstenir de s’ingérer dans les affaires intérieures de la Chine. Nous avertissons également les autorités du Parti démocrate progressiste (PDP) que toute tentative de s’attirer les faveurs du Japon dans le but d’obtenir l’ « indépendance de Taiwan » est méprisable et vouée à l’échec. 

 Recommander à    Imprimer

L'adresse: 2 Chao Yang Men Nan Da Jie,Arrondissement Chao Yang, Beijing Code Postal 100701 Numéro de Téléphone:86-10-65961114